Quand la politique s’ingère dans le sport : une analyse des ingérences politiques dans le football et les jeux olympiques

Les grands événements sportifs comme les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football sont souvent perçus comme des moments d’unité mondiale, dépassant les différences culturelles et politiques. Pourtant, derrière cette façade de camaraderie et de fair-play, la politique s’immisce régulièrement, faisant de ces événements un champ de bataille pour des intérêts nationaux et des agendas politiques. Le football, en tant que sport le plus populaire au monde, et les Jeux Olympiques, symboles de l’unité mondiale, sont régulièrement au cœur de controverses politiques.

L’utilisation du sport comme outil de soft power

Le football, par sa popularité mondiale, offre un terrain unique pour l’expression d’influences politiques et économiques. Les gouvernements et les dirigeants politiques ont souvent utilisé le football comme un outil de soft power, visant à renforcer leur image internationale et à promouvoir leurs intérêts nationaux. Un exemple récent est celui de la Coupe du Monde de la FIFA 2018 en Russie, où le président Vladimir Poutine a utilisé l’événement pour améliorer l’image de la Russie sur la scène mondiale et détourner l’attention des critiques internationales concernant les actions politiques de son gouvernement​.

L’utilisation des clubs de football par des acteurs politiques est une autre facette de cette ingérence. En Europe, des clubs sont souvent acquis par des investisseurs étrangers soutenus par des gouvernements, transformant ces équipes en instruments de soft power. Le cas du Paris Saint-Germain (PSG), détenu par le Qatar, illustre comment un État peut utiliser un club de football pour augmenter son influence culturelle et diplomatique en Europe. L’acquisition du PSG a permis au Qatar de promouvoir son image en tant qu’acteur important dans le monde du sport et a également contribué à ses préparatifs pour accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2022​.

Paris 2024 : une scène de tensions politiques mondiales

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont déjà confrontés à des controverses politiques significatives, malgré les tentatives du Comité International Olympique (CIO) de maintenir une apparence de neutralité. Il a soulevé plusiurs problèmes dont Le port de voile par les athlète musulmane, la participation des athlètes transgenre dans des compétiions féminines. Mais l’une des questions les plus débattues est la participation des athlètes russes et biélorusses sous des drapeaux neutres, une décision prise en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette décision a suscité des critiques pour ce qui est perçu comme une approche incohérente, surtout en comparaison avec les autres conflits internationaux, tels que ceux impliquant Israël et la Palestine​.

Le contexte géopolitique mondial actuel, marqué par des tensions croissantes en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, influence également la préparation et l’organisation des Jeux. Les menaces de manifestations et de perturbations, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des stades, sont une réalité que les organisateurs doivent gérer. Des figures politiques et des groupes d’activistes pourraient voir les Jeux de Paris comme une opportunité pour faire entendre leurs revendications, transformant ainsi l’événement en une arène de contestation politique​.

La règle de neutralité du CIO est-elle un idéal ou une réalité ?

La charte du CIO stipule que les Jeux Olympiques doivent rester neutres sur le plan politique, et les athlètes sont encouragés à éviter les gestes politiques pendant les compétitions. Cependant, l’histoire montre que les Jeux ont souvent été un théâtre pour des déclarations politiques et des actes de protestation. L’exemple emblématique du salut du Black Power par les athlètes américains Tommie Smith et John Carlos aux Jeux de Mexico en 1968 reste gravé dans l’histoire comme un symbole de protestation contre les injustices raciales. Plus récemment, la décision d’exclure certains athlètes russes des compétitions, tout en permettant à d’autres de concourir sous des drapeaux neutres, a révélé les tensions et les défis associés à l’application de la neutralité politique​.

Les événements sportifs offrent une visibilité mondiale qui peut être exploitée par des nations et des mouvements politiques pour attirer l’attention sur leurs causes. En dépit des efforts du CIO pour maintenir une distance entre sport et politique, les Jeux continuent d’être une plateforme pour la diplomatie publique et les messages politiques. Les Jeux de Paris 2024, avec leur visibilité mondiale, ne feront probablement pas exception à cette règle.

La charte du Comité International Olympique (CIO) comprend un ensemble de règles et de principes destinés à régir l’organisation et la conduite des Jeux Olympiques. Voici une liste à puce des principales règles du CIO :

• Neutralité politique : Les Jeux Olympiques doivent être exempts de toute influence politique. Ni les athlètes ni les officiels ne doivent exprimer de positions politiques pendant les compétitions ou les cérémonies officielles.
• Interdiction de la discrimination : Aucune forme de discrimination n’est tolérée dans le cadre des Jeux Olympiques, que ce soit fondée sur la race, la religion, la politique, le sexe ou toute autre raison.
• Charte Olympique : Tous les participants doivent respecter les principes et les règles énoncés dans la Charte Olympique, qui sert de constitution aux Jeux. Elle définit les droits et obligations des trois principales parties prenantes des Jeux Olympiques : le CIO, les Comités Nationaux Olympiques et les Fédérations Internationales.
• Interdiction du dopage : Les athlètes doivent concourir de manière équitable et honnête. Le dopage est strictement interdit, et des contrôles antidopage rigoureux sont effectués pour garantir le respect de cette règle.
• Promotion de l’éthique : Le CIO promeut les principes d’éthique sportive, d’intégrité et de fair-play. Toute forme de corruption ou de conduite non éthique est sanctionnée.
• Respect des Droits de l’homme : Les Jeux Olympiques doivent être organisés en conformité avec les droits de l’homme et les normes internationales de travail, incluant la protection des droits des athlètes et des travailleurs impliqués dans l’organisation des Jeux.
• Soutien au développement durable : Le CIO encourage les organisateurs des Jeux à prendre en compte les enjeux de développement durable, minimisant l’impact environnemental des Jeux et promouvant des pratiques durables.

Organisation des Jeux : Les villes hôtes doivent répondre à des critères stricts de préparation et d’organisation, incluant des infrastructures adéquates, des mesures de sécurité robustes et un soutien gouvernemental clair.

Comment les ingérences politiques continuent d’impacter le sport ?

Le sport, par sa nature même, reflète les tensions et les dynamiques géopolitiques de l’époque. À travers l’histoire, les compétitions sportives ont été influencées par les conflits internationaux, les rivalités idéologiques et les ambitions politiques. Les Jeux Olympiques, en particulier, ont souvent servi de terrain pour des affrontements symboliques entre nations. Pendant la Guerre froide, par exemple, les boycotts des Jeux de Moscou en 1980 par les États-Unis et des Jeux de Los Angeles en 1984 par l’Union soviétique ont illustré comment les tensions politiques mondiales peuvent se manifester dans le sport​.

Les Jeux de Paris 2024 se dérouleront dans un contexte mondial caractérisé par des conflits armés, des crises diplomatiques et des défis environnementaux. La question de l’inclusion des athlètes de pays en conflit, les préoccupations concernant la sécurité des événements, et les implications politiques des cérémonies d’ouverture et de clôture, tous ces éléments feront des Jeux un miroir des tensions géopolitiques actuelles. En outre, les discussions sur le rôle des Jeux dans la promotion de la paix et de la compréhension mutuelle se heurteront aux réalités des politiques nationales et internationales​.